Témoignage d'Armony Altinier sur la perception positive du trac

Armony Altinier : « Je vis le trac comme quelque chose de stimulant »

Cet article fait partie d’une série d’interviews d’hommes et de femmes qui ont intégré la prise de parole dans le développement de leur parcours professionnel. Comment gèrent-ils le stress ? Comment se préparent-ils ? Comment assurent-ils leur montée en compétence ? Voici leurs réponses à vos questions…

Armony Altinier est consultante et formatrice spécialisée dans les problématiques d’accessibilité web pour tous types de handicaps dont, notamment, les déficients visuels et auditifs. Il y a sept ans, elle crée la société ACS HORIZONS qui accompagne les entreprises pour adapter leurs sites web, notamment celles du secteur public qui ont désormais l’obligation légale de le faire. Elle pratique régulièrement la prise de parole en public, en animant notamment 10 à 15 conférences par an, qui lui permettent de mener son combat pour rendre le Web accessible à tous.

Comment s’est passée votre première conférence ?

« J’ai été mise sur le fait accompli… sympa. C’était pendant les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre (RMLL), je devais simplement aider quelqu’un et finalement je me suis retrouvée seule pour présenter. J’ai été aidée par mes études de sciences politiques où nous avons beaucoup pratiqué le débat et où j’ai aussi appris à organiser mes prises de parole. »

Comment gérez-vous le trac ?

« J’ai fait du théâtre pendant mes études, ça aide. Je suis sûre de mes compétences mais je m’autorise aussi à ne pas tout savoir. »  De fait, les orateurs qui manquent d’expérience développent le sentiment de devoir avoir réponse à tout. Armony maîtrise parfaitement ce paradoxe qui veut, qu’une fois expert, on prenne conscience que nul n’est infaillible et que, finalement, on peut s’autoriser à se tromper. « Je connais les facteurs qui augmentent mon stress : ne pas être assez préparée, arriver en retard… je fais en sorte de les maîtriser pour me sentir le plus en sécurité possible. Du coup, je vis le trac comme quelque chose de plutôt stimulant. »

Comment est-ce que vous vous préparez ?

« Je commence par établir un plan très précis. Ensuite je répète afin de pouvoir minuter précisément mon intervention. La gestion du temps est quelque chose de très important. Plus la prise de parole doit être courte, plus c’est difficile. »

Comment construisez-vous vos slides ?

« Pour moi, le diaporama est là pour accompagner l’oral. Je fais en sorte qu’il ne soit pas trop chargé, sinon cela incite le public à lire plutôt qu’à écouter et je n’aime pas ça. (…) Je fais souvent un quizz au début de mes conférences, pour évaluer le niveau de l’auditoire, et j’illustre la réponse avec une image. À la fin, quand je parle avec les participants, c’est amusant de voir qu’ils associent les images avec les réponses. »

Dès le début, vous posez beaucoup de questions à la salle, pourquoi ?

« Mon sujet, l’accessibilité web, peut-être très technique. C’est essentiel pour moi d’identifier le niveau général de la salle, de vérifier leurs attentes et donc, d’adapter mon discours. Cela me permet aussi de mettre les gens à l’aise et de leur faire comprendre qu’ils peuvent poser des questions et m’interrompre dès que quelque chose a besoin d’être précisé. ». En formation, nous croisons beaucoup d’orateurs qui appréhendent la connexion avec la salle et qui sont terrorisés à l’idée qu’on les interrompe ou qu’on leur pose des questions. Il est curieux de voir qu’en posant des questions à son auditoire, l’orateur inverse très simplement ce rapport. C’est le public qui se retrouve déstabilisé : « Je ne suis pas là pour mettre les gens mal à l’aise. Lorsque j’interroge la salle, je regarde chacun et il est facile de repérer ceux qui ne veulent pas du tout parler et ceux qui ont une réponse mais qui ont juste besoin d’un peu d’aide pour prendre la parole. ». Tout au long de sa prestation, Armony maintient un lien quasi constant avec la public : « À la fin, c’est important pour moi que les gens aient des questions, c’est la preuve que ça a marché. Au contraire, s’il n’y a aucune question, je trouve ça inquiétant. »

Avez-vous quelques conseils à partager ?

« Trouvez votre style, ça ne sert à rien de vouloir copier les autres. Il faut apprendre à vous écouter, à écouter votre public et à vous demander ce que vous voulez partager avec eux. En cas de gros stress, dîtes-le, ça ne sert à rien de faire semblant, vous risquez d’avoir l’air hautain et fermé. Au contraire, en le disant, vous verrez tout de suite plein de regards encourageant dans la salle. Et n’oubliez pas que vous ne pouvez pas tout savoir et que vous avez le droit à l’erreur. »

Armony Altinier a publié en 2012 chez Eyrolles un livre qui fait référence sur le sujet : « Accessibilité web, normes et bonnes pratiques pour des sites plus accessibles. »

A propos de Sébastien Bernard

Créateur de la méthode HUBSTORY®, il supervise tous les aspects liés au storytelling. Son approche de la prise de parole conduit au développement d’un leadership naturel fondé sur la sincérité, l’affirmation de soi et l’attention porté aux autres.

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