Questionnement éthique sur l'usage du storytelling et de la persuasion

Et si c’était de la manipulation ?

Plus l’on progresse dans le domaine de la rhétorique, de la technique oratoire et de la construction narrative, plus se pose la question de la manipulation. Lors de nos séances d’accompagnement, nous sommes en permanence en quête de la meilleure stratégie narrative, celle qui sera justement en mesure de faire changer durablement les ressentis, les avis et les comportements. Lorsque nous proposons une manière efficace de raconter une idée, il n’est pas rare d’avoir deux réactions opposées :

  • l’excitation, en se rendant compte que la narration est en fait un pouvoir, et que ce pouvoir est déjà entre leurs mains pour leur permettre de changer les choses,
  • la gêne, en s’apercevant qu’un contexte initialement perçu comme négatif pouvait tout à coup se transformer en une opportunité rien qu’en racontant l’histoire d’une manière différente.

Ces deux réactions sont parfaitement naturelles car il est indéniable que les techniques de présentation donnent un pouvoir à celui qui les possède et que tout nouveau pouvoir rend nécessaire le questionnement de l’éthique et de la morale. L’éthique se satisfera de la manipulation si l’objectif est louable. La fin justifiant les moyens, il n’est pas rare d’accepter une mission moralement discutable au profit d’une bonne cause. Mais la question morale reste posée.

Pas étonnant que le storytelling ait souvent mauvaise presse. Les « spin doctors » semblent, à ce titre, représenter le parfait épouvantail,  qui utilisent le storytelling pour tordre les faits et augmenter la capacité d’influence des personnalités pour lesquelles ils travaillent. Si le problème éthique est traité en trouvant une réponse à la question « pourquoi utiliser ces techniques ? », le problème moral nous invite effectivement à réfléchir à « comment les utiliser ? ».

Alors, comment ne pas tomber dans le piège du cynisme et de la manipulation ?

Tout d’abord, il est nécessaire d’apprendre ces techniques afin de les comprendre et de les repérer. A partir du moment où vous saurez en être le spectateur, vous n’en serez plus les victimes. La première technique pour se défaire d’une manipulation est en effet d’être capable de la formuler.

Il ne faut surtout pas oublier que les techniques de prises de parole ont, avant tout, pour objectif de servir votre sincérité. En effet, nous sommes nombreux a avoir le sentiment de ne pas être nous-mêmes face à un public, de nous sentir engoncé et pas naturel. En travaillant  sur votre corps, votre voix et la structure de votre propos, vous pourrez exprimer pleinement vos personnalités, particulièrement en situation de stress face à un public nombreux.

Mais il est indéniable que lorsque l’on augmente à la fois ses connaissances et sa capacité à les mettre en pratique, on change le regard que l’on pose sur les gens et les situations. C’est à ce moment là où la compétence devient un pouvoir. Une bonne règle morale serait de ne pas utiliser ces techniques à l’insu de vos interlocuteurs. La frontière du cynisme est franchie dès que vous pensez pouvoir obtenir quelque chose aux dépens des autres. Optimiser la construction de vos messages afin d’optimiser leur appropriation par un public ne peut que démontrer votre savoir-faire et votre crédibilité. La clé est d’utiliser ces techniques comme si tout le monde les connaissait déjà ou comme si vous pouviez être en mesure d’expliquer à tout moment ce que vous êtes en train de faire et dans quel but.

Dans l’excellent « Petit traité de la manipulation à l’usage des honnêtes gens », une expérience a lieu sur une plage. Une étudiante se place au milieu des gens. Au bout d’un moment, elle s’absente laissant un objet en évidence sur sa serviette. Au bout de quelques instants un autre étudiant a pour tâche de s’approcher, de s’emparer de l’objet, de s’en servir ostensiblement et de tranquillement s’en aller avec. Dans le premier cas de figure, la jeune femme se lève, échange quelques banalités avec ses voisins avant de s’éloigner. Dans le second, elle s’adresse aux gens autour d’elle en leur demandant explicitement de bien vouloir surveiller ses affaires. Alors que la situation est strictement la même, les gens qui se sentent engagés interviennent dans 95% des cas, alors qu’ils ne sont que 20% à intervenir lorsque l’on ne le leur demande pas explicitement. Cette expérience illustre une technique de manipulation appelée « la soumission librement consentie ».

Maintenant que vous savez cela, que vous détenez un savoir qui diminue par 5 le risque de vous faire voler… la prochaine fois que vous vous éloignerez de vos affaires dans le train, à la terrasse d’un café ou sur la plage… serez-vous tentés de manipuler les gens qui vous entourent ?

A propos de Sébastien Bernard

Créateur de la méthode HUBSTORY®, il supervise tous les aspects liés au storytelling. Son approche de la prise de parole conduit au développement d’un leadership naturel fondé sur la sincérité, l’affirmation de soi et l’attention porté aux autres.

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