Présenter en duo : comment réussir le format interview ?

Des vidéos BRUT, en passant par les podcasts jusqu’aux scènes des conférences, c’est désormais un fait : Les interviews ont la cote !

Considérées comme un moyen original pour créer du rythme et garder l’attention d’un public. Elles permettraient de rompre avec les formats de présentation « descendants » traditionnels. (Vous le visualisez le 1er rang en train de dormir depuis 15 minutes ? Vous avez compris le principe !).

Un format d’autant plus apprécié qu’il permet aussi de résoudre un sacré casse-tête communicatif : Comment prendre la parole quand on est deux ?

Là encore, le duo interviewer-interviewé vole à la rescousse des orateurs pour leur fixer un cadre aussi rassurant et qu’efficace.

Mais attention tout cadre a ses limites ! Et si l’intention derrière le choix de l’interview est toujours louable, son exécution se révèle souvent juste “passable”.

Vous avez une présentation en format interview de prévue ? Parfait !

Dans le Zeconseil de cette semaine, on vous décrypte 3 pièges à éviter si vous voulez avoir du succès

1.L’interview descendante

En ce début d’article, on se doit de vous révéler une terrible vérité. OUI, le format questions-réponses permet par nature de créer du rythme. MAIS cela ne veut pas dire, pour autant, que c’est une formule magique.

Un format interview peut donc finir par être aussi descendant et barbant qu’un format plus traditionnel. Surtout, si l’on ne rompt pas d’urgence avec certains réflexes qui rendent les présentations “scolaires”. Et il est d’autant plus important de se challenger sur ce sujet que le format gagne en succès. Une interview moyenne ou mauvaise aujourd’hui ne sort plus du lot pour sa “dynamique originale”. Elle se retrouve vite oubliée, remplacée par ceux qui auront réussi à mettre la barre plus haut.

• 1er réflexe à oublier : Les débuts d’interviews ou les intervenants passent plus de 1 minute à se présenter eux, ou la société qu’ils représentent. Les premiers instants d’une présentation sont cruciaux. C’est le moment qui va déterminer si les gens se disent “J’écoute” ou “Je passe”.Donc si vous voulez que les gens vous écoutent, rentrez le plus rapidement possible dans le vif du sujet. La seule exception à cette règle étant si vous prenez la parole expressément pour parler de votre parcours. Sinon dites-vous bien que cela fait une belle jambe à votre auditoire de connaître les détails de votre CV. (Ou de savoir que votre société emploie 1543 collaborateurs, possède 57 succursales, 147 bornes Wi-Fi et 3 babyfoots.). Par contre, c’est le meilleur moyen pour les faire décrocher ! En résumé : tout ce qui n’est pas essentiel à partager pour poursuivre la discussion, on oublie.

• 2ème réflexe à oublier : Commencer par parler de soi et de son idée / solution / projet. Si vous voulez créer le désir de votre idée / projet, il faudra avant vous être assuré d’avoir capté l’intérêt de votre audience. En effet, rien ne sert d’avoir la meilleure idée du monde, si personne n’est prêt à vous écouter. Une astuce ? Commencez toujours par parler de votre audience et du problème qui vous réunit aujourd’hui. Car même si on se fiche des autres, on est toujours fondamentalement intéressé par soi-même ! Il n’y a donc pas de meilleur moyen de faire dire à quelqu’un “ça me concerne, il faut que j’écoute” qu’en venant parler d’un problème qu’il rencontre lui aussi. Prendre le temps de planter le décor, c’est se rendre service. Cela permet de se créer un boulevard pour ensuite parler de ses idées.

Vous l’aurez compris, une interview cela se structure ! Construire une bonne trame d’interview est essentiel pour garder l’intérêt du public pendant toute une prise de parole. Alors ne survolez pas trop vite cette partie de préparation amont, sinon vous risquez de réduire à néant tout le potentiel du format. Vous voulez vérifier que votre structure tient la route ? Faites-le test ! Demandez-vous si elle permet de répondre à ces 3 questions.

2.L’interview privée

Être en mode questions-réponses, crée instinctivement l’effet d’une discussion entre deux parties. Ce qui, sur le papier, semble alléchant ! Puisque suivre une discussion semble beaucoup plus simple que de devoir se concentrer pour suivre un monologue. Attention cependant, car il existe un risque inhérent au mode conversationnel. Celui d’exclure quelqu’un de la conversation. C’est ce qui se passe parfois lorsque l’on est complètement pris par le format. C’est-à-dire complètement concentré sur nos réponses aux questions posées par l’interviewer. Et qu’on en oublie qu’en face de nous une assemblée assiste à notre échange. Résultat ? Dans l’audience on peut en arriver à se sentir de trop. Et si notre présence à peu d’importance, à quoi bon écouter ?

N’oubliez jamais qu’en format interview avec un public : l’audience est le 3e compère de votre groupe de discussion. Certes, il est normalement silencieux. Mais si vous racontez cette histoire, c’est bien pour lui. Sinon vous ne seriez jamais retrouvé sur cette scène ! Alors faites sentir à votre audience que sa présence a de l’importance. Regardez la, créez de l’interaction, faites des apartés, prenez la température, assurez-vous qu’ils suivent, etc. Bref, prenez-en soin ! Attention aussi à votre posture et à la disposition du mobilier sur scène. Placez-vous de manière à ce que l’audience soit incluse dans la conversation et pas juste spectateur.

En prenant soin de l’audience et en lui montrant qu’elle a de l’importance vous créerez les conditions pour qu’ils prennent soin de vous. C’est-à-dire qu’ils vous confient ce qu’ils ont de plus précieux : leur temps et leur écoute. C’est aussi une très bonne manière de faire faire cranter d’un niveau le format interview en créant une très bonne dynamique de présentation. Et ainsi sortir du lot !

3.L’interview pièce de théâtre

Avez-vous déjà assisté à une interview où vous aviez l’impression que l’interviewer posait des questions dont il connaissait déjà les réponses ? (Exemple : “Ah ! Michel, peux-tu me dire quel est ton métier ?” ou encore “Quel partenaire avez-vous choisi pour monter ce projet ? Ah, nous ? Mais quelle surprise !”). C’est ce que l’on appelle l’effet pièce de théâtre. Qu’on en ait conscience ou pas en tant qu’audience, cela résonne faux. Voire même vraiment orchestré de toutes pièces. Et quand on cherche à susciter de la confiance, cela peut être totalement contre-productif. Alors, s’il n’est pas question de faire une croix sur la préparation en amont de vos questions et réponses, il est important de bien les formuler.

Notre conseil : Assumer vos connaissances et votre rôle dans l’histoire. Comportez-vous comme deux personnes essayant de mettre au parfum une troisième. Exemple : “Cela fait maintenant 2 ans que nous travaillons ensemble Michel, donc je connais bien ton métier. Mais peut-être peux-tu l’expliquer aux personnes de l’audience ?” ou encore “Et c’est à ce moment-là, que vous nous avez contacté pour conclure un partenariat. Qu’est ce que tu cherchais d’ailleurs à l’époque dans un partenaire potentiel ? Qu’est ce qui était rédhibitoire pour toi ?”.

En somme, ne prenez pas les gens pour des dupes ! Vous pouvez tout à fait obtenir les réponses que vous cherchez tout en capitalisant sur le potentiel “naturel” des interviews. A nouveau, cela ne viendra qu’amplifier et renforcer la dynamique que vous cherchiez en choisissant ce format.

En conclusion, on ne s’improvise pas journaliste ou même interviewé !

Si on veut capitaliser sur tout le potentiel de l’interview, cela se travaille. Autant en amont, que le jour J ! Une interview doit être bien rodée pour bien fonctionner. Alors dernier conseil, la répétition n’est JAMAIS une option, même en format interview ! Le but n’est pas d’apprendre par cœur l’interview. Mais d’y faire toutes les erreurs qu’on ne fera pas le jour J. C’est déjà indispensable quand on présente seul. Alors, quand on présente à plusieurs, c’est juste non négociable !

A VOUS LES STUDIOS !